L’arme biologique :
10 bonnes raisons pour manger bio !
Publié le 30 Janvier 2013 par Yves Gagnon - Association Manger Santé Bio
Source : http://www.mangersantebio.org/6857/larme-biologique-10-bonnes-raisons-pour-manger-bio
En réponse à l’article de Sylvain Charlebois, « Les mythes du bio », publié dans La Presse le 19 janvier dernier, je vous propose « L’arme biologique », un texte qui décline 10 bonnes raisons pour lesquelles on devrait opter pour des aliments biologiques.
Monsieur Charlebois, qui est vice-doyen à la recherche et aux études supérieures de l’Université de Guelph en Ontario et qui a reçu en 2012 $780 000 de sociétés agrochimiques Syngenta, Monsanto, Bayer et DuPont de Nemours, écrivait que :
« …même si la plupart des fermes biologiques n’utilisent pas de produits synthétiques, certaines normes permettent à de grandes productions d’utiliser des produits chimiques approuvés par des régulateurs nationaux. Ce qui prévaut dans le monde biologique, c’est l’origine même des produits utilisés. Les pesticides et fongicides utilisés dérivent essentiellement de produits naturels, mais certaines études suggèrent que ces produits peuvent être parfois aussi toxiques que certains produits chimiques. »
Pure désinformation ! Les producteurs biologiques que je connais — et j’en connais des centaines — traitent moins leurs cultures, car ils travaillent dans un milieu où la biodiversité crée un équilibre écologique favorable à la présence d’une multitude d’auxiliaires qui contrôlent les espèces potentiellement nuisibles. Pour réduire la sévérité des dommages infligés aux cultures, ils travaillent avec des barrières physiques ou des répulsifs à base de plantes. Enfin, les produits antiparasitaires qu’ils emploient à l’occasion se dégradent rapidement et ne laissent que très peu de résidus dans le sol et sur les aliments.
J’ai rédigé de nombreux livres sur la question qui font figure de référence et j’ai accumulé des pages et des pages d’informations démontrant hors de tout doute la supériorité des aliments biologiques sur ceux issus de l’agriculture industrielle. Je mange bio depuis plus de 30 ans, ai élevé avec ma conjointe 3 enfants dont la santé exceptionnelle me confirme la pertinence de nos choix.
Je suis excédé par les positions démagogiques de certains chercheurs qui ignorent les nombreuses études indépendantes réalisées sur la question depuis des décennies et défendent une industrie qui carbure aux pesticides qu’ils considèrent et gèrent comme de vulgaires produits de consommation qui contribuent à l’économie nationale, tout comme le font les vélos, les livres, les vêtements ou les confitures. Il importe de rappeler qu’on applique à chaque année sur les terres agricoles de la planète plus de 2,5 millions de tonnes de pesticides pour des ventes annuelles totalisant 40 milliards de dollars.
L’arme biologique
Il y a tant à faire pour sauver notre planète, que nous sommes nombreux à baisser les bras devant l’ampleur des tâches à accomplir. Les causes ne manquent pas : déforestation, contamination des sols, de l’air et de l’eau, changements climatiques, pollution génétique, perte de biodiversité, désertification, pauvreté. Ces tristes réalités contemporaines ont un lien, une cause : l’activité humaine.
Mais ce ne sont pas toutes les activités humaines qui sont préjudiciables à la vie. Les principales responsables sont celles qui s’inscrivent dans la course aveugle au profit, une course menée par un nombre de plus en plus restreint de sociétés transnationales qui ont mis en place, grâce à la collaboration d’une certaine classe politique, une véritable tyrannie marchande dont la pierre d’assise est le libéralisme économique.
Nous sommes de plus en plus nombreux à combattre cette approche. Nous devenons membres d’organismes environnementaux, nous signons des pétitions et participons à des manifestations. Tout cela compte, mais il ne faut pas oublier que notre première arme pour combattre cette imposture néo-libérale demeure nos choix quotidiens.
Chaque choix, chaque geste posé constituent une acceptation ou un refus d’un mode de production donné. En achetant des matériaux de construction issus de forêts gérées écologiquement, en utilisant le transport en commun, en buvant du café équitable, on envoie un message clair aux fabricants, aux commerçants ainsi qu’à nos dirigeants.
Comme nous mangeons 3 fois par jour (du moins ceux qui en ont la chance), nous disposons par nos choix alimentaires d’une arme concrète qui déteint sur l’économie, sur l’industrie agroalimentaire, sur l’agriculture et sur l’environnement. Si, par exemple, nous arrêtions de manger au Mac Do, si nous refusions les produits contenant des OGM et si nous réduisions considérablement notre consommation de viande, des transformations immédiates se produiraient dans l’univers agroalimentaire.
Encore mieux ! Imaginez le désarroi de l’industrie si une majorité de citoyens cessaient de consommer les produits agricoles industriels et exigeaient des produits issus de l’agriculture biologique. Nous initierions ainsi une profonde révolution de l’agriculture avec toutes les conséquences bénéfiques qu’une telle transformation entrainerait sur les coûts de santé et sur l’environnement ! La peur des OGM, des pesticides, de la vache folle et d’autres maladies de civilisation a fait progresser considérablement l’agriculture biologique. Mais sa croissance n’est pas encore assez significative pour créer les pressions nécessaires pour transformer l’industrie.
Il n’en tient qu’à nous d’agir ! Voici une synthèse des recherches que j’ai effectuées sur la qualité biologique depuis maintenant 30 ans.
Dix bonnes raisons pour manger bio…
1. Les produits biologiques détiennent une meilleure valeur nutritive que les aliments issus de l’agriculture industrielle.
Une multitude de recherches scientifiques indépendantes prouvent que les produits biologiques détiennent une meilleure valeur nutritive que les aliments issus de l’agriculture industrielle. En voici des exemples : De récentes études menées par le docteur Henri Joyeux, professeur de cancérologie à la faculté de médecine de Montpellier indiquent que les tomates biologiques contiennent davantage de vitamine C, de bêta-carotène et de lycopène protecteur. Des recherches françaises et danoise(1) démontrent qu’on observe davantage de substances bioactives protectrices tels les polyphénols, les glucosinolates, les sulfides et les flavonoïdes dans les légumes biologiques. Une étude menée par l’Université de Californie démontrait que des kiwis biologiques recelaient des taux plus élevés de polyphénols et de vitamine C que des kiwis non biologiques.
Enfin, de nombreuses études font état de taux très élevés de nitrites dans les aliments industriels qui sont souvent fertilisés avec des doses massives de nitrates qui se transforment en nitrites cancérogènes après la récolte. On a observé entre autres dans des épinards des taux de nitrites 50 fois plus élevés que dans des épinards cultivés naturellement.
2. Les aliments biologiques recèlent beaucoup moins de résidus de pesticides que les aliments industriels.
Les pommes industrielles contiennent après lavage en moyenne des résidus de 4 pesticides, parfois jusqu’à 10. De récentes études révèlent que ce fruit est dorénavant le plus contaminé par des résidus de pesticides, suivi de près par le céleri et les fraises. En Californie, pour produire des fraises, on emploie 135 kg d’ingrédients actifs de pesticides par acre. Pour connaître la teneur en pesticides des principaux fruits et légumes, il faut consulter le site www.whatsonmyfood.org
3. Les aliments biologiques contiennent davantage de vitalité.
L’agriculture biologique travaille en collaboration avec la vie. Il en résulte des aliments dont l’indice de vitalité est plus élevé. Même si la vitalité n’est pas considérée comme un facteur de qualité des aliments par les nutritionnistes et l’industrie agroalimentaire, je suis convaincu qu’elle joue un rôle fondamental dans notre propre vitalité et sur nos fonctions immunitaires.
4. L’agriculture biologique ne souille pas les cours d’eau et les nappes phréatiques.
L’agriculture industrielle avec ses pesticides, ses engrais solubles et ses lisiers liquides, constitue la principale source de pollution de l’eau.
5. L’agriculture biologique protège la biodiversité.
Par ses cultures diversifiées, ses techniques de rotation et de cultures associées, l’agriculture biologique crée des milieux riches et diversifiés, accueillant pour la faune indigène. Le non-recours à des pesticides de synthèse et aux plantes transgéniques protège les insectes utiles, les papillons, les oiseaux, les abeilles, les batraciens et les mammifères.
6. L’agriculture biologique produit de la terre arable.
Alors que l’agriculture industrielle a fait perdre au Canada plus de 50 % de la terre arable, on a constaté que les techniques de fertilisation organique permettent d’en produire 1,5 cm en 5 ans(2).
7. L’agriculture biologique est moins énergivore.
Les fermes biologiques sont souvent de dimensions réduites et moins mécanisées. Elles seraient jusqu’à 200 fois plus productives à l’acre(3), sur le plan énergétique. Il faut 2 tonnes de pétrole pour produire 1 tonne d’azote qu’on emploie souvent, en agriculture industrielle, à raison de 150 kg/ha.
8. Les aliments biologiques ne contiennent pas d’OGM
Il est interdit en agriculture biologique de cultiver des aliments modifiés génétiquement ce qui nous garantit, lorsque nous mangeons des aliments biologiques certifiés, l’absence d’OGM. Un total de 134 millions d’hectares ont été établis avec des plantes transgéniques en 2009. 70 % des OGM sont des plantes adaptées à des herbicides : leurs cultures maintiennent ainsi en place un système de production qui repose sur l’emploi de 2,5 millions de tonnes de pesticides par année en agriculture, et cela sans compter l’impact désastreux sur la biodiversité des plantes insecticides dont toutes les cellules produisent à chaque seconde des molécules toxiques (Bt) qui affectent les papillons, les oiseaux et les abeilles.
9. Les aliments biologiques goûtent meilleur.
Tous les grands chefs s’entendent pour affirmer que le goût des aliments biologiques est supérieur. Ils font d’ailleurs souvent meilleure figure dans les tests comparatifs. Dans des tests effectués en laboratoire, les rats ont préféré des betteraves biologiques aux betteraves industrielles (4). Pour ce point, vous n’avez qu’à goûter pour vous rendre compte !
10. Les agriculteurs biologiques sont souvent de sympathiques rebelles, presque toujours laissés à eux-mêmes, sans grand support gouvernemental. Ils méritent votre encouragement !
Si vous trouvez le coût des aliments biologiques trop élevés, dites-vous que plus il y aura de production, meilleurs seront les prix ! En attendant, pour maintenir votre équilibre budgétaire, vous pouvez réévaluer vos priorités : par exemple, vous pourriez réduire votre consommation de viande, de croustilles et d’alcool et manger moins souvent au restaurant. Vous pouvez aussi participer à une ASC ou mieux encore, vous pouvez réaliser votre propre jardin. Vous en serez quittes pour une meilleure forme physique et un teint, un tantinet plus rosé.